Dans cette rubrique" livres", vous y trouverez des romans que j'ai aimés, mais peut-être pas que des romans...Les textes que vous lirez ne sont pas de moi, ce sont des 4ième de couverture (certaines m'ont donné envie d'ouvrir le livre, auront-elles le même effet sur vous?...) ou des commentaires / résumés trouvés sur le net et que j'ai jugés très proches de ce que j'aurais pu dire moi-même ...si j'avais su trouvé les mots...

Oui,donc, parfois, je parlerai un peu de mes lectures...
Je reviendrai petit à petit sur d'autres qui ont laissé une empreinte (qui m'ont "marquée")
Celui-ci, je l'ai fini ce matin...

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Syngué sabour de Atiq Rahimi
En sous titre: "pierre de patience"
Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce qu'on n'ose pas révéler aux autres... et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate...Et ce jour-là on est délivré.


Ici, la Syngué sabour, c’est un homme allongé, comme décérébré après qu’une balle se soit logée dans sa nuque sans pour autant le tuer. Sa femme est auprès de lui. Elle lui en veut de l’avoir sacrifiée à la guerre, de n’avoir jamais résisté à l’appel des armes, d’avoir été un héros, et pour ce résultat : n’être plus, à la suite d’une rixe banale, qu’un légume. Pourtant elle le soigne, et elle lui parle. Elle lui parle même de plus en plus. Tandis que dans les rues les factions s’affrontent, tandis que des soldats pillent et tuent alentour, elle parle, elle dévide sa litanie sans jamais savoir si son mari l’entend et la comprend. Et c’est une extraordinaire confession sans retenue par quoi elle se libère de l’oppression conjugale, sociale, religieuse, allant jusqu’à révéler d’impensables secrets dans le contexte d’un pays semblable à l’Afghanistan.

Atiq Rahimi est cinéaste aussi, son écriture, très épurée (...et c'est son premier roman écrit directement en français) avance comme par séquences -gros plan sur la progression d'une mouche dans la barbe du gisant, on entend les quintes de toux et les chants de la voisines, les tirs dans la rue - Un huis clos dans une petite chambre quasi sans ornement, une femme entre et sort, revient, et à chacun de ses passages, déverse sur son mari inerte, sa pierre de patience, les aveux qui la mèneront à la découverte d'elle-même...