Bérénice Mollet....créations.

Ceci dans le prolongement de ceci...
Et donc de cela...
Et bien sûr, avant cela, (en fait, il faut commencer par là), de ceci aussi...
Nous étions au mois de septembre.
Et encore était-ce déjà le résultat d'une longue gestation, la source se trouvant (il m'a fallut longuement chercher...) dans un échange de mail datant de février/mars 2014... pas loin d'un an donc.... c'est une bonne mesure...

Je ne dirai pas que ce temps écoulé est sans importance, que ce qui importe est ce que je vais montrer, bien au contraire!
Important, il l'est.
Il l'est car faisant à part entière partie du projet, dans lequel, sans se l'être dit explicitement, liberté totale était donnée de faire quand nous le voulions, ou de ne pas faire.
Le risque de ne jamais faire n'est évidemment pas négligeable et taraude un peu... parfois... par bouffées...
Mais il y a dans cette patience, comme cadeau, un chatouillis délicieux à sentir monter, par petites vaguelettes au début, quelque chose de diffus, sans contour encore, quelque chose qui, on le sait déjà, sera la mise en route concrète de l'objet textile.

Le tissu est là, en évidence sur la table de travail, un peu en retrait pour ne pas déranger les autres travaux, ceux qui sont en cours, ceux qui ne sont déjà plus dans cette phase de latence, ou qui ne l'ont jamais été, qui n'en avaient pas besoin... j'inclus là-dedans tout ce qu'on sait déjà faire...
En retrait donc, mais accessible chaque jour au regard.
Et puis un jour, il y a une vague plus forte que les autres, quelque chose qui complète, qui emplit.

Ce jour là... c'est le moment.

Quand je dis que le temps a son importance, c'est aussi dans ce qui suit:


J'ai dit que le tissu était resté longtemps sur ma table de travail...
Plié en deux, avec un autre tissu à moi par dessus, le temps et la lumière y ont beaucoup travaillé et c'est ainsi que je l'ai retrouvé, presque totalement décoloré autour des parties protégées...
Je vous montre le tissu qui est resté dessus tout ce temps... il est de la taille de l'empreinte (si j'ose dire)... la trace laissée sur l'autre partie (celle qui était en dessous), est légèrement plus grande... En fait, ce sont tous les tissus donnés qui étaient pliés ensembles, il y avait donc une épaisseur à l'intérieur, la lumière n'y est pas parvenue exactement avec le même angle que sur la partie supérieure qui y était directement exposée...

L'ouvrage n'est à cette heure pas encore terminé, mais j'en présente ici les premières étapes... que je dois détailler un peu...

La juxtaposition des deux tissus, le sien et le mien m'avait d'emblée séduite, Guillaume m'avait d'ailleurs fait remarquer lui même qu'ils allaient bien ensembles...
En ce qui concerne le mien, il me semble qu'autre chose l'attend, et cela aurait été dommage d'en déchirer le motif.....
Mais c'est bien de rouille dont il était question, c'est ce qu'il fallait pour assortir à cet indigo fugace...

J'ai découpé sur trois cotés le petit rectangle d'indigo préservé...
Puis, j'ai inséré dans la découpe un rectangle un peu plus grand de tissu rouillé...
Trois des cotés se retrouvent donc dessous et le quatrième (en bas) dessus...
J'aurais pu simplement les juxtaposer, appliquer le second sur le premier, mais c'est un procédé qu'il a employé à plusieurs reprises (incision/insertion) et j'avais besoin d'éprouver ce que cela fait...

Pour travailler plus à l'aise, je l'ai bâti sommairement d'un fil qui sera enlevé au fur et à mesure de l'avancée de la broderie.



Évidemment, vous allez me dire, pourquoi cacher cette partie la plus colorée, la plus belle?!
-Mais c'est que je n'ai pas envie qu'elle subisse le même sort que le reste figurez-vous! Je la protège!!
-Mais quel intérêt si on ne la voit pas?!
-Pfffttt!!!

Voici l'envers de l'ouvrage à ce stade...



Pour les broderies... j'ai eu à cœur d'employer la soie offerte, teinte au bois de campêche par ses soins...



La broderie n'est pas là que pour faire joli, c'est elle qui maintient les tissus ensembles, qui fait couture...

Voilà... aujourd'hui, nous en sommes là...
Les deux cotons sont de draps anciens, assez épais... celui qui est rouillé porte en lui de quoi raidir et durcir les fibres, la superposition des deux ne rend pas la pénétration de l'aiguille facile... Il y a encore du travail... mais j'en montrerai les avancées régulièrement...

Ce sera ma modeste contribution à la grande mode des tutos qui fait des ravages dans la population, lui extirpant avant même qu'elle n'apparaisse toute velléité de créativité, d'invention ou de découverte et de compréhension par soi-même...
La seule façon d'avancer...
Mais il y en a qui s'en satisfont...
Qui aiment, même, je dirais...

mais non, va, je plaisante!....  c'est pour toi que je le fais... pour que tu puisses dégager une vague idée du chemin... ce serait mieux en direct, mais à défaut...