Bérénice Mollet....créations.

Sur un fond de coton gris, partiellement déteint de discrètes lignes ascendantes, car je ne suis pas très à l'aise avec l'uni, j'ai posé un petit carré blanc.

Je l'avais au préalable, fermement empalé sur un clou rouillé pour faire un avant trou, puis sur un objet plus large pour agrandir l'ouverture, tout aussi rouillé, et d'ailleurs mouillé pour que la déchirure prenne la couleur de la rouille.
C'est un peu violent comme procédé, mais il me fallait de nouveau un bel accroc.

Le petit carré blanc est cousu d'une aiguillée de fil rose saumon, je n'ai pas voulu d'un rouille qui s'accorderait trop bien avec l'empreinte laissée...
Une seule aiguillée de fil qui, lassée de faire le tour du carré, a fini par s’envoler dans les hauteurs, suivant un moment la trace plus clair du coton déteint.

Puis vint le moment de proposer réparation à la déchirure...
A coté.
Pas dessus.
Ce n'est juste que simple proposition.
Je suis pour laisser les accrocs s'exprimer.
Le tissu vierge est muet...
Je lui crée une bouche pour qu'il parle.
Il se peut qu'il crie
Je ne peux décemment pas trouver ça anormal...

Ce morceau de tissu noir est déchiré lui aussi, les fils d'arrachement y sont encore attachés.
Je l'ai fixé (à peine) dans la torsion où il s'est trouvé.
C'est une sorte de gardien...
En tout cas, il équilibre les masses...



La reprise est faite en noir... le noir va si bien aux rousses!...

je l'ai voulu à tout petit points, qu'elle puisse en proportion éventuellement s'insérer dans le carré blanc, mais je voulais surtout qu'elle se fonde dans la matière, qu'elle apparaisse ainsi beaucoup plus fragile en fait que l'accroc qu'elle propose de réparer... peut-être un peu pour qu'il dise- non, ce ne sera pas la peine, je préfère ma blessure... -
Il aurait raison... ce serait bâillon.....

Une petite page qui me rappelle, en plus sombre, plus grave, plus incisif, un petit tableau que j'avais intitulé: laissez crier l'accroc...
La proposition pourrait y sembler la même...or le résultat donne tout à fait autre chose...

Je vous montre ci après les deux instruments qui ont permis la transformation:

Après trois jours à systématiquement vaporiser chaque fois que je passe devant.... la rouille à commencé son ouvrage...



La question reste de savoir quand arrêter... quand sera-ce juste le moment?.....Quel serait la nature du trop?... est-ce assez?....
Comme le dit la vilaine Guillemette, à l'installation, c'était déjà beau comme c'était....
Je l'ai pensé.... pourquoi faire intervenir la rouille?.... pourquoi abîmer quelque part?.....
Alors, aujourd'hui de nouveau, je me demande s'il faut aller plus loin, sans compter qu'à un moment, avec la rouille, les fils vont se fragiliser, et si on pousse un peu loin, se casseront...
Est-ce ça que je veux?.....Aller jusqu'à ce point de rupture?.... Honnêtement, je ne sais pas....
A un moment, le vaporisateur à la main, j'entendrai quelque chose qui dira non, c'est assez, c'est fini......
Je poserai le vaporisateur, et je regarderai un travail fini...

Je laverai la fine pièce de frais linon blanc, et la re-glissant dessous parfaitement repassée..... je fixerai l'ensemble sur une plaque de bois...
C'est ce que je pense aujourd'hui.
Qu'en sera-t-il demain?....

Et je n'avais pas montré la poupée sous son meilleur profil...

Après quelque temps, amoureusement arrosé, plusieurs fois par jour car le temps est plutôt sec en ce moment... (qui s'en plaindrait! sec et chaud.. comme c'est bon!)... j'ai remonté la bestiole de la sombre cour où elle mijotait, pour la mettre en pleine lumière et juger de son état de maturation....





Et j'ai décidé, le trac dans les doigts quand même, qu'il pouvait être temps de l'ouvrir.
C'est vrai, il y a là un petit coté chirurgical qui pourrait impressionner les âmes sensibles... mais faire délicieusement frissonner aussi, non?...

Et ça s'annonce pas mal du tout!
Voici la mue étalée, toute raide de rouille et de sel... (il aura été délicat d'en détacher chaque fibre et chaque fils, lesquels étaient réellement collés à la barre de fer... j'ai eu quelques sueurs froides...!)

Maintenant, l'épreuve du lavage...

Ça a tenu...

Je n'ai pas lavé le boudin qui n'était là que pour créer une réserve de couleur (et ça a bien marché, je suis contente du résultat).... j'en aime les boursouflures créés par la tension du fil qui le maintenait serré... et je le garde tel que pour le moment..il aura probablement un jour, son heure de gloire...
Ce qui m'intéresse pour le moment.... c'est le truc de droite...

Voilà, cette fois, je pense qu'elle est terminée...
Après vous l'avoir présentée juste rouillée, la voici après un bain d'avocat puis de bogues de noix (juste le bas, la teinture remontant par capillarité)
Le bas a été ensuite retravaillé à l'eau de javel comme montré précédemment..

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les photos de ...... après l'orage





Et voici la troisième mise en place ce matin...... je la sortirai quand il pleuvra.....